David Hockney / Man taking shower in beverly hills
Jusqu’ai 28 mai 2023
Ce texte , dont je vous joins la copie, signé Philippe Dagen et paru dans Le Monde, tient plus du commérage malveillant ou du journalisme façon « Voici » ( vous saurez tout sur les orientations religieuses ou sexuelles du beau-frère de l’artiste ou sur les pratiques sportives de sa grand-mère paternelle) que de la chronique d’art qui se respecte….Et si je pointe cet article du Monde, c’est pour souligner le niveau d’indigence et d’irresponsabilité de la critique d’art en France à travers ce qu’écrit l’un des ses plus éminents représentants.
Manifestement, on y sent bien que notre ténor de la critique d’art hexagonale veut dézinguer cette expo, et nous communiquer sa haine envers elle…Il avait d’ailleurs , il y a une quinzaine d’années, écrit un livre intitulé « La haine de l’art » pour dénoncer les immondes anti conceptualo-bidulaires et réactionnaires, qui préféraient notamment Hockney à Koons, son idole (image jointe où on le voit lui serrer la pince au Château de Versailles avant de lui tartiner une pleine page d’éloges dans le même Monde)… voir plus loin le texte de Jean-Phippe Domecq là-dessus…
Bref, Mr Dagen nous la fait toujours « à l’envers » et à rebours du sens commun…. et c’est ce « contre-sens » qui plait tant aux intellos subversifs et rebelles qui font le gros du lectorat du Monde… Rappelons aussi que Mr Dagen a récemment massacré Germaine Richier en plaçant son œuvre « sous le signe de la destruction et de la terreur »…Signe, en ce qui le concerne, d’une grande inaptitude à voir et sentir la vérité intime des œuvres et , en revanche, d’une forte propension à leur prêter des mauvaises intentions qu’elles n’ont pas.
Et c’est bien cette cécité de fond qui lui permet de nous décocher dans ce texte , une salve de péremptoires inepties telles que :
– « l’exposition rend clairement visible dans son œuvre une tendance de plus en plus accentuée au maniérisme et à l’autocitation »…Fichtre !
– Hockney tentent d’autres greffes encore, avec du Matisse, du Bonnard, des manuscrits médiévaux, du fauvisme, du psychédélisme,du Dubuffet, du Warhol, de l’expressionnisme abstrait, de l’art brut…On n’en finirait pas d’énumérer les composants… » Agreuh ! Agreuh !, passez – moi ma ventoline !…
C’est sans doute pour compenser son incompréhension de fond de l’œuvre de Hockney, que notre critique d’art vedette se répand en surface, et privilégie l’anecdote…en affirmant par exemple que , pour l’artiste , « l’enjeu essentiel était de mettre en dessin et en peinture son homosexualité » Gniark ! Gniark !… comme pour faire de l’artiste un précurseur du wokisme défenseur des minorités opprimées …et réduire ainsi son œuvre à l’ expression d’un engagement sociétal ou d’un message politique …. Il est vrai que les œuvres ainsi « chargées » sont journalistiquement plus intéressantes que les œuvres à contenu vraiment artistique…Et il est vrai, qu’inversement, faute de voir le contenu artistique, on peut leur inventer des messages politiques.
1 / David Hockney, An Image of Celia (détail), 1984-1986
2 / M.Dagen et M.Koons
3 / Tea Painting in an illusionic style
Autre motif de contrariété pour Mr Dagen, c’est le Musée Granet… ce petit musée de province, insolemment indépendant et non-aligné sur les directives ministérielles et de la grande spéculation, n’ayant jamais fait dans le conceptualo-bidulaire et possédant de surcroît une riche collection de haute qualité artistique… Une insupportable anomalie dans le PAF (Paysage artistique français)…
Notons aussi que Mr Dagen, le perspicace à qui on ne la fait pas, tient à dénoncer un « procédé qui confond histoire et publicité » et une « tactique promotionnelle »de la Tate Modern, « débarquant à Aix-en-Provence » pour « concentrer sur l’artiste Hockney l’essentiel de sa promotion internationale »..Agreuh ! Agreuh !, repassez – moi ma ventoline !…
Enfin, Mr Dagen, à qui, décidément, rien n’échappe, déplore l’absence des collages polaroïd qui sont pour lui « parmi ses expérimentations les plus inventives »…rien d’étonnant pour qui préfère l’expérimentation, la recherche, le questionnatoire, la processualité discursive, le turlupinage cérébral ….à une évidence sensible immédiate, qui lui échappe totalement.
Commissariat de l’exposition
Helen Little, commissaire scientifique
Bruno Ely, conservateur en chef, directeur, musée Granet
Paméla Grimaud, conservatrice, responsable du pôle conservation et recherche, musée Granet
Le musée Granet :
https://www.museegranet-aixenprovence.fr/accueil
Petit florilège de la critique d’art en France :
Du procès en mal-pensance visant les « haineux » anti-contemporains en art
Jusqu’au 28 mai 2023
Musée Granet
Place Saint Jean de Malte
13100 Aix-en-Provence
Accès PMR : 18 Roux-Alphéran
Vadrouilleur urbain 