DES « PRÉSUMÉS INNOCENTS » À GABRIEL MATZNEF Par Nicole Esterolle (Billet d’humeur)

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Catalogue de l’exposition. Présumés innocents.
Musée d’art contemporain de Bordeaux
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DES « PRÉSUMÉS INNOCENTS » À GABRIEL MATZNEF

Par Nicole Esterolle

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Ou, quand l’esthétique « art contemporain » allait de pair avec celle de Matzneff

Vous vous souvenez de cette immonde expo « Présumés innocents » au CAPC de Bordeaux, en 2000 ?

Une expo mémorable pourtant dans le genre art contemporain débridé, contre laquelle une petite association locale pour la protection de l’enfance porta plainte pour « diffusion d’images à caractère pédopornographique ».

Cette plainte faisait suite à l’indignation d’un père de famille choqué par la violence de certaines images, et notamment par une vidéo de Elke Krystufek dans laquelle, l’artiste autrichienne filmée par sa mère se masturbait avec un concombre avant de se coudre le sexe.

Cette plainte avait déclenché la réaction immédiate de l’ensemble des professionnels de l’art contemporain français, du CIPAC, de l’appareil institutionnel tout entier et des chroniqueurs d’art de l’AICA qui lui sont attachés. Tous se sont mis à hurler en un même chœur de vierges outragées, à pleines pages du Monde, de Libération et de Inrockuptibles, à la censure, à l’apostasie, à l’acharnement judiciaire, au complot anti-art contemporain mondial, au retour de la bête immonde et à l’arrivée imminente des hordes nazies…

C’était il y a vingt ans, c’est à dire à l’apogée de la bien-pensance totalitaire culturo-lango-buréno-pédophilo- islamo- duchampo-gaucho-socialo identitaire, qui oeuvrait à fond pour la libération de la sexualité (y compris chez les enfants) et pour une transgressivité généralisée de la morale commune au nom du progrès, de l’amélioration de l’espèce humaine, de la créativité et de la contemporainéité de l’art.

C’était également le moment où l’écrivain Matzneff était au sommet de sa gloire, en parfaite résonnance avec l’idéologie permissive post 68 dominante, et réclamé par tous les plateaux télé pour y fait rire les présentateurs ( dont Pivot) avec le récit de ses exploits pédophiles….(Si le Palais de Tokyo avait existé alors, nul doute qu’il lui aurait offert carte blanche pour une expo d’anthologie.)* Aujourd’hui, avec « me too », « balance ton porc », etc., les temps ont changé, ces exploits ne font plus rire. Les « réactionnaires, pudibonds culs-pincés » (selon les « progressistes ») ont repris du crédit … Catherine Millet et Philippe Sollers en reste muets d’effroi et se terrent en leurs gentilhommières de province.

L’esthétique pathos, pervers- narcissique et redoutablement toxique de type Matzneff commence, semble-t-il à être moins « performative » en art contemporain, moins subventionnable, moins médiatisable, moins étatisable, moins curatoriable, moins mondialisable, moins bankable, moins muséifiable.

 

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« l’ABC de l’Art dit Contemporain »
 aux éditions 
Jean-Cyrille Godefroy
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