« Il y a une énorme envie d’art contemporain en région … » Par Nicole Esterolle (Billet d’humeur)

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Caisses Vadrot / Flash Collection
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…C’est en tous cas ce que nous affirme sans rire Claire Jacquet, la directrice du Frac (Fonds Régional d’Art Contemporain) Aquitaine, selon ce dossier paru dans le Journal des Arts du 1 02 2019, et intitulé : « Programme hors les murs : alibi ou raison d’être des FRAC ? »…Les FRAC seraient-ils en recherche d’une « raison d’être » en dehors de leur « être – en – soi » qui partirait en eau de boudin? C’est ce que semble sournoisement insinuer la question de ce bimensuel des arts pourtant farouchement correct et pro-système.

Une « énorme envie », qui justifierait donc que les FRAC se répandassent auprès des populations périphériques, rurales ou défavorisées, avides de cette contemporanéité artistique internationale dont on les aurait cruellement privées depuis trop longtemps.

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Alors les FRAC entreprennent donc d’aller vers ce public en demande pressante: celui des foyers d’accueil, celui des établissement pénitentiaires, des EHPAD, de hôpitaux, des centres de redressement, des lycées, des collèges, des écoles maternelles…Celui aussi des chapelles, châteaux, Musées où leurs œuvres conceptualo-bidulaires pourront côtoyer les grands œuvres patrimoniales et se prévaloir de leur public ainsi détourné vers elles…

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« C’est du détournement de mineurs, de majeurs et de vieillards », m’écrit un ami scandalisé….Un acte très grave, qu’il faudrait selon lui attaquer en justice comme « crime imprescriptible contre l’esprit ». Il y va fort mon ami, mais c’est vrai que la manœuvre a tout de l’endoctrinement de la pire espèce totalitaire, du bouclier humain, du décervelage ubuesque de masse, de l’abus faiblesse caractérisé et de l’ instrumentalisation de catégories sociales vulnérables…Et tout cela pour faire du chiffre de fréquentation, pour servir d’alibi (contre il est écrit dans l’article) et pour justifier le salaire des fonctionnaires d’un dispositif au service d’une propagande culturelle totalement délirante, comme le montre l’hilarant « petit inventaire des modes de transports » que je vous joins .

 

La flash-collection du FRAC-Ile de France

 

Parmi ces modes de « nomadisme dispersif » des FRAC, il y a la « Flash collection » lancée en septembre 2016 par le FRAC Île – de – France, pour les lycées franciliens, à partir d’un module itinérant conçu par l’artiste-prof-galeriste-curator-critique-designer Olivier Vadrot, contenant une sélection d’œuvres de petit format, dont je vous vous joins aussi un très éloquent aperçu ( scan 03) .Jointe aussi l’image 05 de la caisse à roulettes dite « caisse Vadrot » pour y mettre les reproductions d’œuvres.

« Lors des séances en classes, au-delà d’une démarche pédagogique, s’établit un questionnement et une réflexion autour du sens de ce qui est nommé « art », de ce qui est et fait œuvre dans notre société. »…Ben voyons Ginette !

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De l’origine limousine des FRAC

Il est indispensable, puisqu’il est question des FRAC, de rendre ici hommage à celui qui fut sans doute à l’origine de ce dispositif unique au monde installé par Claude Mollard : Jean Fraisseix (image 06), décédé en octobre 2008, qui fut, de 1952 à 1989, maire d’Eymoutiers en Corrèze, médecin généraliste, collectionneur, artistes sculpteur à ses heures, bon vivant, compagnon de pêche à la truite de Paul Reyberolle, organisateur d’expositions d’art plutôt singulier en son Hôtel de ville.

C’est donc ce très atypique édile limousin, passionné d’art, capable de faire d’une traite, un aller-retour au musée de l’excellent François Cheval à Dôle, pour voir une expo Ed Paschke qu’on lui avait signalée, qui, en 1975, sut convaincre un certain nombre de ses collègues maires de villes des départements de Creuse, Corrèze et Haute -Vienne, de cotiser à hauteur d’un franc par an et par habitant, pour la constitution d’une collection régionale d’art qu’il appela FACLIM (Fonds Régional d’Art Contemporain Limousin).

Le FACLIM permettait ainsi aux municipalités de disposer d’un stock d’oeuvres à accrocher dans les salles de réception de leurs Hôtels de Ville, ou bien à grouper pour des expositions itinérantes dans les établissements scolaires ou ailleurs, afin de révéler au populations reculées du Limousin la réalité de la création plastique contemporaine. Une sorte de commission « paritaire » décidait des achats d’oeuvres d’artistes régionaux et nationaux, puisqu’à cette époque la conformité à la norme « internationale » n’était pas encore une exigence impérative.

C’est en 1981, si mes souvenirs sont bons, qu’arrivent François Mitterrand à la présidence de la République, Jack Lang au Ministère de la Culture et Claude Mollard à la mise en place des nouvelles structures institutionnelles dédiées à l’art contemporain. Et c’est alors que l’idée de fonds régionaux d’art de type FACLIM fait son chemin vers le Ministère, à travers la commission Troche et l’un de ses membres, le peintre Henry Cueco, qui vit alors à Uzerche et connaît bien ce qu’a réalisé Jean Fraisseix. Et c’est ainsi que naissent les 22 FRAC pour autant de régions…

Le FRAC Limousin absorbe donc le FACLIM et sa collection ( ce qui lui donne une sorte d’avance à l’allumage sur les autres FRAC), en même temps que Jean Fraisseix en est débarqué pour incompatibilité d’humeur.( Tout comme il s’était éjecté du parti communiste en 1961).

On connaît la suite, pressentie par Jean Fraisseix : Claude Mollard débarqué lui aussi des structures qu’il avait créées et surtout abandon par son successeur Monsieur Bozo du principe des commissions paritaires à « quatre pieds » , comprenant des représentants 1-des politiques, 2-de l’administration, 3-des publics et 4- des artistes. Monsieur Bozo considérant qu’il était plus facile de gérer tout ça entre spécialistes c’est-à-dire en écartant les artistes (tous des chieurs) et les publics (tous des ploucs)… ou alors en les remplaçant par des potiches mondaines de province aux ordres des « spécialistes » du Ministère central.

Et c’est ainsi que depuis trente ans, nous sommes dans une situation où l’on assiste au développement exclusif des « effets pervers » nés d’une bonne idée initiale, d’une généreuse intention complètement retournée sur elle-même, pour ne plus favoriser que le sectarisme borné ou le communautarisme délirant de réseaux institutionnels ou para-institutionnels à la fois subventionnés et liés au grand banditisme artistico-financier spéculatif , sans foi ni loi, ignorant le commun des artistes et méprisant toute règle d’ordre éthique autant qu’esthétique.