Quel avenir pour les galeries d’art ? Par Nicole Esterolle (Billet d’humeur)

.
.
.
.
.

J’ai commencé un travail d’enquête et de réflexion, avec les galeries prospectives, sur leur avenir en cette période de mutation et de bouleversement total des systèmes de reconnaissance et de valorisation de la création actuelle.

J’ai soumis à plus de 1000 d’entre elles quelques hypothèses sur les raisons de leur difficultés, et j’ai déjà une vingtaine de réponses très intéressantes

Ce travail d’enquête, inédit je pense, est à poursuivre et à diffuser ensuite, car le sujet intéresse tous les acteurs de l’art.

Je vous joins l’ensemble des éléments tels qu’ils sont aujourd’hui

Si vous avez quelques idées sur ce sujet, communiquez – les moi sur nicole.esterolle@yahoo.fr

Amicalement Nicole Esterolle

.

Quel avenir pour les galeries d’art ?

Pourquoi les galeries d’art prospectives, ont-elles de plus en plus de difficultés à exister?

Quel nouveau modèle économique doivent –elles inventer pour conserver leur rôle central dans les systèmes de reconnaissance et de légitimation de l’art vivant?* Ces galeries, de taille humaine, de proximité , aux prix accessibles, éloignées du grand marché spéculatif, qui proposent des œuvres qu’on aime parce que de l’ordre du sensible et du poétique, qui pendant longtemps ont constitué la partie centrale du système de reconnaissance et de légitimation de la création vivante, sont aujourd’hui victimes d’une désaffection de plus en plus grande de leur public habituel d’amateurs et d’acheteurs. Et pourtant, jamais la création vivante en France et ailleurs n’a été aussi abondante, riche, diverse et de qualité.

Aussi, puisqu’il est inconcevable que les galeristes, ces « partageurs de passion pour l’art actuel» disparaissent, beaucoup expérimentent d’autres types de fonctionnement.

Nous avons soumis à plus de 1000 galeries en France quelques facteurs hypothétiques du déclin de ce « marché de proximité » , pour qu’elles nous donnent leur avis et nous proposent des alternatives envisageables.

.
Quelques facteurs possibles du déclin de ce « marché de proximité »

.

* La baisse générale du pouvoir d’achat d’une classe moyenne d’acheteurs et amateurs d’art entre 35 et 60 ans. Baisse qui va s’accentuer avec les mesures fiscales qui accablent cette classe moyenne au profit des très riches, qui vont continuer de rendre florissant le grand marché du business-art sur fond de paupérisation du marché de l’art qui nous concerne

* L’acculturation grandissante des personnes dites riches, naguère plus ou moins mécènes…

* Le pessimisme ambiant lié aux incertitudes du monde actuel.

* le rôle qu’à joué, depuis quarante ans, le Ministère de la culture pour privilégier l’art conceptuel et postural, et pour disqualifier l’art de la mise en forme sensible et du poétique que ce marché propose, brouillant et ringardisant ainsi tous les repères esthétiques basiques.

* La perte de sens et de foi en l’art, indirectement générée par les excès du grand marché spéculatif et par la sur-intellectualisation des produits agréés par l’Etat

* L’avènement d’internet qui donne directement accès aux artistes et à leurs œuvres, qui court-circuite donc le travail des galeries, en bousculant de fait leur rôle d’intermédiaires, de découvreurs, d’experts et de marchands.

* Le désintérêt des medias, leur éclatement et leur médiocrité globale.

* Le rôle affaibli d’une critique d’art en partie inféodée aux grands réseaux institutionnels et financiers. (les journalistes spécialistes des cours sur le marché et les conseillers en placements bancaires ont remplacé, en tant qu’experts, les vrais critiques d’art qui ont presque tout perdu de leur rôle de chercheurs et de prescripteurs auprès des amateurs et acheteurs.)

* Critique d’art très réduite en quantité : il y a 25 ans, chaque journal de province et chaque grand hebdo avait son critique d’art.

* La floraison des sites de vente ou galeries en ligne, générant une sorte d’« ubérisation » du marché.

* Le primat de l’achat placement et/ou signe d’appartenance sur l’achat-émotion sincère plus ou moins « démodé ».

* La multiplication des petites expos-vente chez des particuliers amis d’artistes

* Le rôle néfaste des galeries subventionnées et de leur « conceptualisme » global.

* La prolifération américanisée des sous-produits du pop-art et du street-art.

* Le prix de vente des œuvres d’art “vrai“ beaucoup trop élevé en général, surtout pour la peinture.

* Le manque de solidarité et d’organisme fédérateur entre les galeries pour défendre un intérêt commun au-delà des différences de toutes sortes.

* Le manque de loyauté de beaucoup d’artistes, pour qui la galerie est une vitrine et qui vendent « en douce » dans leur atelier aux acheteurs qui les pourtant ont découverts à la galerie.

* Le déferlement d’images de toute sorte. Leur rapidité. “Trop d’images tue l’image“…

* La concentration sur un objet culturel quelconque serait passée de 12 à 8 secondes. Inférieure à celle du poisson rouge.

* Le désintérêt quasi-total des responsables politiques, qui par ailleurs ne cessent de chanter les bienfaits du développement culturel…

* Le désintérêt de la plupart des enseignants d’art eux-mêmes et des professeurs d’histoire de l’art, qui ne fréquentent même pas les galeries prospectives de leur ville et n’incitent pas leurs élèves à les fréquenter… quand ils n’expriment pas leur mépris à leur endroit ou ne dénigrent pas leur manque de « contemporanéité »

* Le faible niveau d’éducation artistique au collège, au lycée, voire dans les écoles d’art, presque toutes remplacées par des écoles d’arts appliqués et de design…

* Le désintérêt apparent des économistes, sociologues, psychologues, philosophes, anthropologues, historiens-critiques d’art pour cette désaffection à l’art que mêmes les guerres n’ont pas produite, et dont ils devraient être les premiers à se préoccuper.

.

Quelques réponses des galeries

.

1 -Il y a une rupture entre le ministère et les galeries, entre les carriéristes salariés de l’art et les commerçants de l’art ces découvreurs qui engloutissent leurs économies par passion.

Merci pour votre mail et pour ce questionnaire. En 10 ans c’est la première fois que l’on nous questionne sur l’aventure que vous décrivez dans votre constat. D’où vient ce désenchantement, ce désintérêt ? Je réponds à vos pistes:

· Ce n’est pas une question de pouvoir d’achat ! Autour de nous, jeunes et moins jeunes consomment et voyagent sans problème. · Non je ne crois pas, même réponse : jeunes et moins jeunes consomment et voyagent sans problème et les naissances augmentent ou se maintiennent.

· Le ministère a brouillé les pistes et transformé les artistes en quémandeurs d’une reconnaissance de l’officialité et le public en regardeurs innocents d’une information distillée par des professionnels salariés, riches de l’argent des autres et dont la passion est remplacée par un carriérisme froid qui respecte l’ordre établi par leurs prédécesseurs. Carrière oblige !

· Oui les attitudes, les discours et leurs effets y sont pour beaucoup. Ils ont dépossédé le public, les amateurs et les galeristes de leurs rôles simples et humains dans l’aventure de la création. Art et argent, un raccourci simpliste véhiculé par les médias pour distraire le grand public et servir la spéculation d’un micro groupe.

· Internet permet de voir mais ne crée pas l’intimité de la relation indispensable au trio artiste/galerie/amateur. Internet permet de picorer des images mortes sans comprendre le pourquoi, l’identité et l’aventure partagée.

· Le désintérêt de médias et des critiques c’est indiscutable il faut y ajouter leur manque de culture, de curiosité et de professionnalisme (en 10 ans, le peu de contacts et visites de ces gens était pour la vente d’espaces publicitaires !). Les critiques et le ministère… hormis quelques accidents sympathiques, on ne les connaît pas ! (50 expositions, 50 dossiers de presse de 20 pages, 50 communiqués de presse pour rien ou si peu !) Les articles dépendent de la pub que l’on peut s’offrir. Pour l’officialité c’est selon l’humeur, du temps et le blabla ambiant.

· Des métiers annexes qui vivent sur le dos de la création, dont le commun dénominateur est la carrière et l’argent · Présentations d’images mortes pour occuper le vide, site à la recherche du filon qui « boustera » un Chiffre d’Affaire et justifiera les frais engagés.

· Ces sites n’ont pas de sens, ils fonctionnent sur des principes issus de la grande distribution. Pas de contact avec l’aventure, les matières, les dimensions. Des présentations réduites a des étiquettes colorées, accolées à des prix mystérieux et à un discours-slogans simpliste et ridicule. Je serais curieux de connaître les résultats réels au regard des sommes investies (Artsper/Mulliez). Les oeuvres sont présentées comme les reproductions de chez IKEA entre casseroles et canapés pour les gens qui n’ont pas le temps à consacrer pour chercher, rencontrer, comprendre. Être acteur !

· La concurrence des foires et des maisons de vente ? je n’en suis pas sûr, c’est surtout un duo qui assure le spectacle sur un marché qui n’est pas le nôtre. Le premier regroupe les galeries qui « cadenassent » le marché et le second participe aux fonctionnements somptuaires des premiers en activant les médias qui vendent du papier et de mauvais rêves.

· C’est une histoire de communication dans une époque d’argent roi. Les choses seraient certainement différentes si les médias mettaient en avant l’indispensable connivence et aventure de groupes (critiques, artistes, galeries, amateurs collectionneurs) dans la poursuite d’une identité et arrêteraient de parler de record sur des œuvres d’un autre âge que leurs parents critiquaient ou sur les images creuses de cultures que l’on veut nous imposer.

· C’est normal et sain pour les artistes qui se lancent et c’est parfois le départ d’une aventure de galeriste. C ‘est une étape avec des groupes qui tentent quelque chose. Mais fonctionner dans le temps sur ce principe est voué à l’échec.

· C’est une plaie qui aboutit au vide actuel qui tue les démarches d’artistes qu’on oblige à créer et à « parler officiel ».

· Le néant de produits dérivés, de trucs prémâchés qui ont la prétention d’être présentés comme de l’art . On est à Lourdes.

· Nos plus jeunes artistes sont présentés à des prix raisonnables de 400 à 1000 euros (le budget d’un WE au ski… Il faut faire un choix ! l’art ne s’offre pas), et pourtant c’est aussi compliqué que vendre une œuvre à 5000 euros ! De plus si on arrive à vendre, ces prix ne couvrent pas nos frais. L’une des causes : notre société est élevée dans l’idée de l’art est un spectacle gratuit et subventionné (nous ne sommes pas décisionnaire) sur des choix réalisés par les sachants issus des même cercles et formations. L’histoire de l‘art est inconnue sinon les grosses ficelles, les techniques inutiles et à présent tout le monde est artiste, surtout les « curators »!

· Il y a une rupture entre le ministère et les galeries, entre les carriéristes salariés de l’art et les commerçants de l’art ces découvreurs qui engloutissent leurs économies par passion.

· Beaucoup d’artistes ont une vie solitaire difficile et de l’extérieur n’imaginent pas les difficultés des galeries et de leur nécessité pour les aider à être visible. C’est une réaction stupide et une vue à court terme, une erreur qui casse le rapport de confiance nécessaire au soutien dans le temps de la démarche de l’artiste.

C’est vrai, les discours se gargarisent d’une « exception culturelle française » mais la réalité est que tout le monde s’en fout. Une masse de regardeurs qui se dit cultivée qui achète des catalogues pour table basse de salon et cause en rond sans jamais se mouiller, acheter. C’est de cela dont on est malade. Les français préfèrent acheter des chambres de bonne au lieu d’approfondir un coup de cœur, le soutenir dans le temps . Ils remettent cette décision aux sachants…

Notre désenchantement vient certainement du faible intérêt d’un public peu formé à la recherche de l’évènement dont on parle à la télé ou sur les réseaux sociaux . Un public qui met en avant le placement financier comme critère de choix. Un public qui reste à la porte des galeries parce que personne ne leur a dit qu’il pouvait être acteur d’une aventure.

Il nous faut nous adapter mais jamais nous ne pourrons être grand public ou vouloir assurer le show de l’art. Les œuvres et les rencontres se montent avec le temps. Les retours sur investissements ne seront jamais garantis. Par contre l’aventure, les rencontres, les découvertes, la poursuite de la création et d’une identité sont là. C’est sur ces valeurs que les médias devraient communiquer. Nous avons aussi besoin d’un ministère qui nous accompagne et ne nous ignore pas. Un ministère qui respecte les artistes comme les galeries, un univers où tout le monde reste à sa place. Au delà des mots, « j’aime bien », « c’est intéressant » il n’y a qu’une chose qui le prouve : c’est acheter ! Avec l’envie de participer à l’éclosion d’une œuvre, en ayant en tête « Nous échangeons pour voyager plus loin ensemble », sans idée de plus value, juste le plaisir de vivre, d’être soi, d’être nous.

.

2 – Des défis surmontables heureusement

Voilà une excellente initiative, et la liste est très complète. De notre point de vue, les facteurs E, H, L et Q sont parmi les plus importants et les moins souvent évoqués (y compris par vous), car ils concernent l’évolution du comportement de beaucoup d’artistes qui ne savent plus eux-mêmes à quoi une galerie digne de ce nom pourrait leur servir !

Bien sûr, l’art officiel/subventionné mérite d’être critiqué en France. Bien sûr, le marché est devenu en partie spéculatif. Bien sûr, Internet et les foires changent les données pour les galeries. Mais tout cela représente des défis tout à fait surmontables lorsqu’on a la passion du métier !

En revanche, l’attitude non coopérative d’un nombre croissant d’artistes est impossible à gérer.

Elle a pour conséquence une sélection draconienne des artistes par les galeries, sélection qui opère sur des critères de loyauté autant que sur des critères esthétiques ou commerciaux.

.

3 – Et c’est là le plus gros du problème !!! Vraiment

Merci pour l’initiative de cette enquête ! Voici mes réponses :

A- La baisse générale du pouvoir d’achat d’une classe moyenne d’acheteurs et amateurs d’art entre 35 et 60 ans

B- Le pessimisme ambiant lié aux incertitudes du monde (Je pense que c’est assez français. Pour avoir une clientèle plus internationale depuis quelques années j’ai fais ce constat : à pouvoir d’achat égal, l’acheteur français (qui a les moyens, qui aime l’oeuvre et qui a la place idéale pour la placer) va encore se poser des questions avant de l’acheter, si achat il y a. Ce n’est pas le cas des belges, allemands, suisse… qui eux, et toujours avec les mêmes critères, achètent plus spontanément).

F- Le désintérêt des medias et de sa « critique » inféodés aux grands réseaux institutionnels et financiers (note : c’est évident ! Pour exemple, sur le street art, que vous n’appréciez que très modérément je crois, ce sont toujours les mêmes que l’on retrouve, comme C215, JR…)

O- Le prix de vente des œuvres d’art vivant, beaucoup trop élevé en général , (surtout pour la peinture) (Note : je dirais aussi pour un certain type de sculpture en résine, fabriqué au Maroc ou au Portugal, signé par les artistes, et revendu avec des marge de 5 ou 6 !!! Dans ma galerie, je fais une marge de 1,8 / 2, puis j’enlève ma tva sur marge, ma côte part à la mda… Mais je me refuse de vendre avec des coeff supérieur. Je vais citer l’exemple Barthoux : sa spécialité est d’acheter un stock d’un artiste qui commence à avoir le vent en poupe à un très bon prix. Il revend avec un coeff de 4 à 6, ce qui augmente du jour au lendemain le prix (et la côte) de l’artiste, le vend à son réseau, quelques gros clients pendant 2/4 ans, puis le jette quand les ventes déclinent. Après, pour l’artiste, maintenir cette côte est quasi impossible. Le client qui a acheté au prix fort une oeuvre voit son prix dégringolé de plus de la moitié en 4/5 ans. Il est content).

Q- Le manque de loyauté de beaucoup d’artistes, pour qui la galerie est une vitrine et qui vendent « en douce » dans leur atelier aux acheteurs qui les pourtant ont découverts

.

4 – Nous avons un métier merveilleux, chaque fermeture de galerie est une souffrance.

Merci pour votre message et l’intérêt que vous voulez bien porter aux galeries .. ce n’est pas si souvent. Effectivement nous n’allons pas vraiment bien, en tout cas moins bien ces deux dernières années (la galerie existe depuis 23 ans)

J’ai lu votre liste avec intérêt. Toutes les raisons que vous évoquez ont certainement un rôle à jouer dans notre petit naufrage. Mais je retiens plus précisément les facteurs E, Q, L et J qui mettent directement en péril notre rôle d’intermédiaire et de découvreur.

Vous ne l’avez pas vraiment précisé mais je pense que les galeries malhonnêtes ou incompétentes ont également fait beaucoup de mal à notre profession. Dans ce cadre les facteurs P et G peuvent être pris en compte.

J’espère avoir un peu contribué à faire avancer votre enquête qui nous permettra peut-être de mieux cerner les raisons du problème. Nous avons un métier merveilleux, chaque fermeture de galerie est une souffrance.

Avec mes meilleurs sentiments, et beaucoup d’affection pour vos textes, blogs et autres coups d’humeur qui nous font un bien fou.

.

5 – Il y a une usure des pratiques, notamment culturelles

Votre constat est très pertinent, vrai, je vis exactement ces inconvénients, ces drames, je suis le plus souvent au bord de la falaise. Il me semble aussi qu’il y a, malgré les apparences et où l’art est aussi réduit au monde de l’argent, un grand désintérêt pour la culture traditionnelle en général, on « pense/panse à soi « alors que l’intelligence, c’est de penser aux autres ( R.Barthes ). C’est oublier que l’art peut transformer le destin en conscience. ( A.Malraux )

Mais on sent chez les jeunes le désir d’autres approches culturelles, ils savent que l’on est dans le vieux monde, qu’il y a une usure des pratiques, notamment culturelles, ils cherchent d’autres voies, voix. Ils vont réinventer des possibles, j’écris un livre sur « 6 céramistes en quête de possible « face au désenchantement c’est l’expérimentation qui les motive. Et puis les utopies sont le plus souvent les réalités de demain.

.

6 – La Facebookisation de la société

Vous avez très bien analysé la situation et c’est un mix de tous les facteurs que vous citez. Je rajouterai : La pléthore de l’offre (Tout le monde est artiste et tout le monde à des amis artistes à qui l’ont peut acheter quelque chose)……….La surabondance de communications et d’informations qui noient l’information………La Facebookisation de la société où les gens ont tout lu, tout vu, tout entendu … les fesses posées dans leur canapé………La récente campagne des élections qui a donné des excuses aux amateurs pour attendre et ne pas bouger…….La peur du déclassement et son corollaire la thésaurisation……..Un marché qui devient de plus en plus de niche pour les œuvres à prix moyen autour de 5000€…….La prise de conscience des collectionneurs de leur pouvoir sur les galeries.

.

7 – Le nivellement par le bas est devenu la règle.

Merci de votre intérêt pour les difficultés des galeries. Avant de répondre directement à vos suggestions, je remarque que les centre ville des communes de plus 50 000 habitants en province souffrent énormément quelque soit l’activité exercée.

Voici pour mon analyse de la situation :

A : depuis la présidence Hollande, une partie des clients se sont figés

I : Au prétexte d’aider les galeries, ces sites n’ont qu’un seul but : s’enrichir

J : trop de foires dilue la demande. Les organisateurs n’arrivent pas à louer leurs stand ce qui a pour conséquence l’abandon de la sélection artistique.

Q : la vente en douce est inévitable quand les artistes ne vendent pas suffisamment. J’en tire pour conclusion que la galerie implantée en ville de province non touristique n’a plus sa place dans une société où le nivellement par le bas est devenu la règle.

.

8 -Une galerie se doit de faire un travail de proximité

Sachez que je partage votre avis à cent pourcent, les facteurs que vous énumérez correspondent totalement à l’état actuel d’une pensée et d’un marché vis-à-vis de l’art contemporain. L’art est un témoin historique des sociétés, et nous n’échappons pas à cette règle. L’ambiance actuelle est pessimiste, une certaine réticence dans l’achat d’oeuvres même à bas prix (200€).

J’ai ouvert ma galerie il y a 10 ans maintenant. Chaque année, j’avais un déficit de 100 000€ (1 millions d’euros depuis donc) et m’engageais humainement et émotionnellement dans cette belle entreprise. J’ai voulu travailler en profondeur avec les artistes que je soutenais et en lesquels j’ai cru à travers des vernissages, des catalogues d’expositions et livres d’art édités à mes frais et tout autres services et activités pour soutenir mettre en valeur leur travail.

La nature humaine étant faite ainsi, certains n’hésitaient pas à péricliter mon travail en revendant au rabais et dans le dos de la galerie, les oeuvres exposées. J’ai également employé du monde pour m’assister dans mon travail, mais les résultats ne suivent pas. Je suis contraint aujourd’hui d’arrêter cette activité je ne peux plus me permettre d’encore donner sans résultats.

Je soutiens votre idée concernant le décalage entre les différents acteurs culturels. Les institutions officialisantes d’une part et les (trop?) grosses galeries qui peuvent ressembler davantage à des magasins de décoration où l’indécence des prix n’attire plus qu’elle ne repousse. Une galerie se doit de faire un travail de proximité avec le client, de rester à taille humaine comme vous le dites si bien et de proposer des oeuvres abordables qui ont quelque chose à offrir: tout passe par le regard, une émotion suscitée par la forme et la couleur. De la même manière, tout ces sites marchands, ces galeries en ligne discréditent le travail des galeries physiques, mais également les artistes eux-mêmes et ils ne s’en rendent pas compte.

Il y a également un problème au niveau de la considération de l’art dit contemporain de la part de certains publics. Une appréhension des galeries avec des aprioris très négatifs à leur sujet car les quelques occasions où la presse et les médias généralistes s’intéressent à cet art actuel, il s’agit de montrer à tous les dérives de notre société en révélant les prix de ventes faramineux d’objets de décorations vides de sens. Cela contribue à cette méconnaissance de la part des publics, de la création actuelle en instaurant une rupture avec les galeries et qui n’a pas lieu d’être.

Je suis également à la tête d’un centre d’art contemporain à Issoire dans le Puy de Dôme où je présente 250 oeuvres d’artistes contemporains dont certains à qui j’ai acheté des oeuvres exposées dans ma propre galerie. Ce centre est non conventionné, totalement indépendant et à ma charge. Je ne souhaite pas faire partie d’une forme d’officialisation artistique dictée par les FRAC et les directives ministérielles successives. Pour une question d’honnêteté intellectuelle et d’indépendance artistique. Les initiatives privées sont celles qui apportent les changements, en opposition avec une machinerie administrative et étatique lourde et étouffante.

Malraux avait compris le premier avec le musée ouvert vers l’extérieur, que c’est aux institutions culturelles de s’ouvrir et d’aller vers « l’autre », de ne pas rester cloisonné dans une image de musées poussiéreux et vieillissants qui ne présentent qu’une forme d’art destinée à une élite bien pensante. Les publics doivent comprendre que la culture est accessible et protéiforme, pas destinée à une catégorie sociale qui érige en modèle des artistes dont l’oeuvre creuse ne sert qu’un marché spéculatif. En espérant que ma modeste contribution à votre entreprise vous aidera.

.

9- Confusion générale et perte de repères

Je mettrais comme causes principales les propositions E puis J, puis H et L c’est à mon avis une confusion générale et perte de repères et de valeurs qui induisent une perte de confiance, que cette multiplication de lieux, d’expositions , d’ artistes ( car si c’est très bien que tout le monde puisse s’exprimer, à mon avis tous ne devraient pas chercher la professionnalisation, qui nous fait pas mal de tort. Dans cette confusion générale l’état aussi a sa part de responsabilité.

.

10 – les jeunes achètent de plus en plus

Excellente idée que de s’intéresser à ce problème pour les galeries dites de « 1er marché ». Constat positif : je dirais qu’au contraire les jeunes achètent de plus en plus, même avec de nombreuses mensualités…Il ont un véritable intérêt pour l’art. C’est le point très encourageant, et touchant aussi, car ils sont souvent peu riches! Les autres raisons sont pour moi : -d’abord une bien trop grande proximité entre les artistes et les clients-collectionneurs à travers Facebook, les tous autres réseaux sociaux, les trop nombreuses « portes ouvertes d’ateliers », les « foires d’art » en direct pour les artistes. Au mieux la galerie fait la première vente, mais les clients ensuite « suivent » l’artiste …Ceux là ne savent parfois même pas d’où ils les connaissent…

– Le nombre grandissant de « galeries sur internet » qui ont moins de frais, mais grignotent une clientèle d’une part, mais surtout les « meilleures oeuvres » de certains artistes, car ces galeries, ayant peu de frais, vendent pas mal dans les nombreux salons et c’est plus commercial et plus rapide…. En suivant donc le questionnaire, je coche donc: H – I – J – L – P – Q

.

11 – Quant aux besoins de transcendance ….

Le principal responsable me semble être le ministère de la culture qui assèche le marché de l’art en détournant les rares collectionneurs vers les produits commerciaux sponsorisés par lui, aux frais du contribuable, et monopolisés par quelques bienfaiteurs de l’humanité comme M. Bernard Arnault ou le regretté Pierre Bergé, toutes personnes dans le besoin comme chacun sait, d’où la sollicitude publique. Le coup de maître réussi par M. Aillagon à Versailles pour M. Koons a été le point de départ et le révélateur en France de cette dérive.

Bien sûr, il y a aussi Internet qui change la donne de toutes les informations et donc de tous les marchés, dont celui de l’art: les galeries sont sans doute invitées à devenir des plateformes de coopération, d’évènements, à frais partagés (comment ? plus facile à dire qu’à faire) entre artistes et prestataires.

Enfin, il y a l’évolution de la consommation vers le « tout jetable » et le « tout pas cher »: le mobilier ancien ne vaut plus rien alors que c’était un « investissement » il y a encore 10 ans; une jolie reproduction à 10 €, comme le meuble IKEA qu’on ne prendra même pas la peine de déménager en changeant de logement, satisfont les besoins d’usage.

Quant aux besoins de transcendance… on s’adresse plutôt aux marchands de sommeil de l’intégrisme ou de la bien-pensance qu’aux producteurs d’éveils ! C’est comme ça ma bonne dame.

.

12- Les collectionneurs aiment passer direct…

Sans savoir dire lequel mettre en 1er. Une chose est sûre, les meilleurs clients que sont les collectionneurs aiment connaître les artistes et passer en direct. J’en viens à penser que le métier de galeriste est voué à disparaître. Par contre, personnellement, j’aimerais mettre à profit ce que ce métier m’a appris en travaillant pour les artistes, en faisant leur com, leur promotion. …

.

13 – Pas trop de morosité tout de même…

Je vous découvre, et apprécie la qualité de l’analyse, et la passion critique mise au service du sensible… Je ne peux de ce point de vue qu’abondez en votre sens, tant en effet je suis souvent primo galeriste des artistes que je promeus à grand renfort de passion, et dont les univers humanistes et sensibles sont dans la lignée du nom de la galerie: In Arte Veritas = La vérité est dans l’art..

Ceci posé, nonobstant cette réalité déclinée en 18 points et dont vous vous faites l’écho, je dois dire que concernant la galerie je suis au contraire en plein développement: d’un premier lieu confidentiel (galerie chez moi dans une ville, Clisson, dont je percevais le potentiel touristique inexploité) constituant il y a 4 ans la première galerie de la ville, nous sommes passés désormais à 5 galeries à Clisson, et pour ma part je suis en train d’ouvrir le 3ème lieu (Clisson, Angers, bientôt Nantes). Avec à la source: la passion, toujours, le fait d’oser (grands formats, artistes puissants,..), mais aussi de trouver des solutions de financement créatives… Bref, pas trop de morosité de ce côté ci de l’écran. Pour partage donc…

.

14 – J’ai ouvert ma galerie en 1989 et j’ai pu constater au fil des années la croissance du désintérêt du public.

J’ai toujours défendu les artistes (principalement des peintres émergents). Vous avez bien cerné le problème à l’aide de votre questionnaire et je peux répondre d’une façon positive à toutes vos questions.

.

15 -Toutes ces galeries qui ne font pas le travail VRAI d’une galerie

Désolé pour la lenteur dans ma réaction. Effectivement cela va mal pour les galeries comme la mienne…

Il manque dans votre liste des causes : – la non reconnaissance des artistes qui partent dès qu’une plus grosse galerie vient les chercher. Sans un merci, sans un Euros en retour.

-Tous ces collectionneurs qui ont acheté des artistes entre 10 000 et 30 000€ et qui 3 ou 5 ans après se rendent compte que l’artiste n’existe plus et que la galerie a fermer. Cela calme beaucoup les collectionneurs qui ont eu à faire à des galeries « incorrectes » qui ont profité de la vague ascendante.

Toutes ces galeries qui ne font pas le travail VRAI d’une galerie et qui se contentent que de vendre des oeuvres sans travailler à la carrière et à la promotion des artistes qu’elles représentent. Quelles sont aujourd’hui les galeries qui accompagnent les artistes.

Les galeries qui font leur boulot se font piquer les artistes et coulent faute de la perte de revenus et quand elle ne le font pas, à un moment les collectionneurs s’en rendent compte et elle ferment aussi… La conséquence c’est que les collectionneurs deviennent de plus en plus méfiants….

De mon point de vue, la faute vient aussi des galeries qui ne sont pas correctes entre elles et envers les collectionneurs !

.


16 -J’ai espoir que l’achat guidé par l’émotion ne se meurt pas!

Merci pour votre message.Même si je ne « jette pas l’éponge », je dirai que régulièrement, nous nous « accrochons aux branches ».

Si je devais lister les points de votre proposition d’analyse sur l’état des lieux des galeries comme la mienne, pour ma part je retiendrai en priorité :A et B certainement un peu…C et surtout D, mais aussi J H bien sûr!! et N également.

Ne pas négliger le E … le statut de galeriste étant régulièrement dénigré. Nous travaillons en confiance avec les peintres que nous exposons, mais c’est vrai qu’il est épuisant de savoir qu’il se tente souvent un passage en direct. Nous servons de vitrine valorisante toute l’année (et assumant toutes les charges) pour qu’au final nous passions pour des opportunistes?!!? (soit le client veut vulgairement se vanter auprès de ses amis d’avoir fait une bonne affaire, soit l’artiste lui-même aussi peut laisser entendre qu’il est ennuyeux d’être « rattaché » à une galerie…) je dois avouer que c’est un sujet écoeurant pour nous professionnels. Et si l’essence même de ce partenariat valorisant entre la galerie et l’artiste est remis en question, cela peut donner envie de jeter l’éponge effectivement. cf. le point Q que je n’ai lu qu’après… (rejoignant aussi ce facteur, le point L est évidemment problématique, les AMIS du peintre, un vaste sujet).

En référence au point K que vous avez soulevé, j’ai espoir que l’achat guidé par l’émotion ne se meurt pas! J’ai heureusement de beaux témoignages à la galerie en ce sens.

.

17 – Ce modèle économique n’est plus viable

Voici, brièvement , les soucis auxquels j’ai dû faire face en 15 ans de métier avant de fermer ma galerie : – le plus difficile a été le tarissement depuis 2008 des collectionneurs, la politique de Hollande ne nous a pas aidés.

S’’ajoute d’autres facteurs : – une difficulté à jongler avec le désir de « nouveautés » de la part des collectionneurs et la volonté de fidéliser des artistes pour faire un travail de fond. C’est une équation impossible.

– une grande difficulté à entrer dans les grandes foires pour montrer les artistes émergents ; – une attitude très élitiste de la part des organisations professionnelles qui ne soutiennent pas du tout les galeries ; – une incapacité à s’organiser collectivement et du coup à protéger le marché des galeries face à ce que j’appelle le « far-west » du marché de l’art : achats publics qui se font sans la galerie, non soutien réel des commissions du CNAP, galerie qui se permettent de débaucher les artistes sans prévenir la galerie mère, non-réflexion sur le nécessaire dédommagement qui devrait être retourné à la galerie initiatrice etc.

Aujourd’hui ma conclusion est que ce modèle économique n’est plus viable sauf à avoir une immense fortune et à continuer à travailler tout seul !!!!

.

18 – Le manque de loyauté des artistes

Votre enquête tombe, si je puis dire, à pic : je m’interroge depuis un mois et pour la première fois sur l’opportunité de poursuivre mon travail de galeriste.

Je suis propriétaire de ma galerie, ouverte en 1982, dans un endroit magique. Je défends ce que j’appelle la figuration musclée ; j’ai vécu l’euphorie des années quatre-vingt et les crises successives des décennies suivantes. J’ai survécu aux soubresauts et aux aléas économiques parce que j’avais d’autres moyens d’existence mais pour la première fois depuis 35 ans le pessimisme -ou plutôt la lucidité – est en train de gagner la partie. Pour quelles raisons ? Pour la plupart de celles que vous évoquez si justement et plus particulièrement les plus cruelles :

Dans l’ordre: Q. La vente par les artistes dans leur atelier.

J’ai déniché, en 35 ans de passion, des tas de gens talentueux qui végétaient dans leur coin et BEAUCOUP d’entre eux me doivent le succès qui leur a ensuite souri. Je n’en connais qu’UN qui a toujours été avec moi d’une loyauté exemplaire et qui, pour cette raison, a fait jusqu’à présent tourner la boutique. Un ou deux autres sont proches de cet état de sainteté. Le reste…..Et pourtant je continue de les exposer fidèlement et de faire de très gros frais pour leur promotion.

Cette ingratitude (tellement humaine) est la raison majeure qui condamnera cette vocation. Je la rattache tout naturellement à L, F et J, internet donnant aux artistes une vitrine aussi inattendue qu’inespérée. B. Les médecins hellénistes à la culture universelle n’existent plus depuis belle lurette ( ils constituaient un vivier de collectionneurs). Un mode de sélection imbécile, à l’entrée des études de médecine, a laissé sur la touche des humanistes curieux ( futurs collectionneurs ) au profit de techniciens moins portés sur l’art et la culture. L’effrayante paupérisation des médecins et des enseignants a joué un rôle prépondérant dans la situation qui nous préoccupe. Les classes moyennes n’ont plus les moyens, c’est le cas de dire, d’acheter de la peinture.

I. Il n’y a plus de grands critiques d’art (ni même de petits) dans la presse nationale et régionale. Ils jouaient un rôle considérable dans la vie des galeries. D’ailleurs, le fameux « prix de la Critique » qui a « sorti » Buffet ou Lorjou n’existe plus depuis longtemps.

C. Comment voulez-vous être optimiste quand deux demi-fous menacent de s’envoyer des bombes atomiques sur la gueule, quand l’obscurantisme assassin fait un retour triomphant, quand l’argent gagné mensuellement, il y a trente ans, par un enseignant lui permettait de s’offrir, ne serait-ce qu’une fois par an, une petite œuvre d’un excellent artiste, alors qu’ aujourd’hui la même somme ne l’autorise qu’à survivre ? Le triomphe des « artistes » imposteurs et de leurs commanditaires a certes fait du mal mais pas autant que nous serions en droit de penser. Ils finiront dans les chiottes de l’histoire de l’art. Il suffira d’être patient.J’espère avoir répondu à votre questionnaire.* Avec mes sentiments attristés. JCF Jean-Claude Fert

.

19 – Les amateurs sont toujours là mais ils n’achètent plus ….

(Tout du moins dans les galeries …) Votre enquête tombe fort à propos et je suis d’accord avec vous sur de nombreux points. Nous avons ouvert cette galerie par passion, il y a une quinzaine d’années et nous avons vécu « une belle et folle aventure ».

Au fil des ans, les amateurs d’art ont pu découvrir de grands noms de la création contemporaine.

Certains nous ont quittés. Des duos ont vu le jour. Bon nombre de jeunes artistes auront aussi participé à cette grande aventure artistique et connu leur premier accrochage.

Aujourd’hui, la galerie, qui est aussi une association, fermera ses portes l’an prochain, faute de soutien et par manque de moyens.

Que s’est-il passé pour connaître une telle désaffection du public ? Nous constatons que nous ne sommes pas, hélas, les seuls à connaître ce désenchantement.

Sur les cinq galeries qui existaient, nous restons les derniers à survivre.

Les amateurs sont toujours là mais ils n’achètent plus …. (Tout du moins dans les galeries …)

Est-ce dû à la multiplication des offres ? A l’ « Ubérisation » de l’art ?

Au faible niveau d’éducation artistique … ?

Aux « écoles d’art », qui sont plus orientées vers le design … ?

Au désintérêt de nos instances culturelles ?

On tourne en rond … les ateliers d’artistes s’ouvrent de plus en plus au public, ne trouvant plus de galeries pour les exposer. Il y a dans notre région un vivier très important de talents qui ne savent plus où montrer leur travail …

Je ne sais pas si j’ai pu répondre à toutes ces questions, mais le constat est là et nous vous disons un grand merci pour cette enquête qui apportera sans doute un peu de baume au cœur à certains ! Le G. Orléans

.

20- Résistons ensemble ! Organisons-nous !

Votre démarche doit être soutenue.

Mais il faudrait que ce questionnaire et les avis en retour soient dictés par un objectif solide.

Nous avions envisagé de créer une tribune ouverte dont vous vous trouverez ci-après l’objectif : Résister ensemble : La vie des petites galeries de province face à un grand, gros, gras, énorme « temple » du marché de l’art Nous souhaitions créer une tribune professionnelle simple.

Pouvoir être connectés les uns aux autres pour ouvrir ensemble, en direct, et en toute liberté un dialogue ouvert, hors la pression des normes en place qui nous influencent, notamment l’interventionnisme du sensationnel et des manipulations toutes faites, que nous subissons et qui qu’on le veuille ou non, nous pré-disposent dans notre façon d’agir.

L’objectif est d’entreprendre ensemble un travail de groupe et de réflexion pour définir de nouvelles valeurs et de nouvelles références de fonctionnement, quelles soient morales, coopératives, économiques, structurelles et culturelles qui permettraient la mise en œuvre d’une intelligence constructive commune qui devienne notre expression fondamentale. Cela restant bien évidemment au delà de notre propre personnalité qui faut absolument conserver dans son particularisme.

Objectif : créer collectivement des fondements pour créer de nouveaux accès au partage avec les autres (artistes, clients, curieux, spectateurs et autrui) d’une véritable émotion et une pensée culturelle solide du partage de la beauté et perfectionner avec plus de justesse la volonté d’un développement par nos propres forces et de notre robustesse. JLA

.

21 – Tout cela me plombe trop le moral !

Je suis désolée de ne pas participer à l’enquête. A vrai dire, les propositions de réponse que vous faîtes me donne le cafard. La lecture de votre questionnaire me plombe trop le moral.

Ma galerie a encore bien marché cette année et j’essaie de garder mon optimisme. La société évolue, c’est inéluctable. Nous devons faire face notamment à : – une surabondance d’offres culturelles qui inondent la société, – et à une visibilité permanente que se donnent les artistes sur les réseaux sociaux.

Dans cette société de l’internet, où tous les jours des millions de connexions se font dans tous les sens, certains de nos visiteurs en galeries- des gens de nos fichiers propres – trouvent normal de contacter directement l’artiste. Ils n’y voient aucun mal. Ils ne savent pas le temps qu’on a passé dans les salons, les ateliers d’artistes pour faire nos choix, ce que coûte une galerie, ce que coûte le catalogue qu’on a réalisé pour l’artiste, ce que coûte la publicité qu’on a passée dans Artension ou autre, les soucis qu’on se fait pour les artistes lorsque les ventes ne sont pas au rendez-vous.

Cet été, j’ai toutefois vécu une belle expérience. A deux reprises Clémentine de Chabaneix a été contactée directement par des gens de mon fichier. Je le sais, parce que cette artiste renvoie systématiquement ces personnes sur ses galeries. Au-delà de son travail de sculpture et de dessin qui est d’une grande sensibilité, je salue ici son éthique. C’est une merveilleuse artiste dans tous les sens du terme. Par son comportement, elle montre ainsi aux clients l’importance que ses galeries ont pour elle. Dans les deux cas, j’ai fait la vente. Et j’ai expliqué aux deux personnes, combien j’appréciais le respect de Clémentine de Chabaneix vis-à-vis de ses galeries, et aussi pourquoi nous le méritons.

Je ne sais si mon témoignage vous apportera quelque chose, mais je l’espère tout de même.E.P-L.

.

22 – De l’enculturage IKEA

Bravo pour cette enquête ! Je travaille dans le sud de la France (le triangle maudit) , ici peu de galeries et peu survivent. Plusieurs raisons je pense, la première est la B, je fréquente des gens qui sont au sommet de la pyramide du besoin et qui commence à envisager l’achat d’une oeuvre d’art lorsqu’ils ont une télé dans chaque pièce, au moins trois voitures de luxe, et un petit bateau …. qui sont -ils ? dans les années 80 – 90 c’étaient des médecins, des chirurgiens, des notaires, des avocats, des chefs d’entreprises …. issues de familles cultivées bourgeoises, ils y avait une habitude à être entouré d’œuvres d’art , puis j’ai vu ensuite cette même catégorie socio-prof devenir complètement inculte, issue de famille intellectuellement modeste, la société avait changé et maintenant ceux qui se font construite des villas somptueuses sont des plombiers, des marchands, des primeurs (sisi), des vendeurs de voiture, des maçons, je connais un vendeur de chaussure qui dépense 3000 € pour les enjoliveurs de sa Cayenne, qui a une superbe maison sur les hauteurs de Marseille et qui vous dira qu’une oeuvre à 400 € c’est trop cher, c’est ainsi, de l’argent il y en a, il part dans les chaussures les fringues, les voitures … ils ont tous des grandes villa d’architectes avec d’énorme baies vitrées et des murs blancs ou en béton, même l’architecture s’est adaptée à l’indigence de leur esprit et qui fréquente les galeries ? des anciens, et dans 10 ans plus personne …. il faut convaincre, éduquer, un jour je me suis moqué d’un gars, banquier 4 voitures, autant d’appartement, villa, piscine, et qui avait des tableaux ikea aux murs, j’ai vu ça, et quand on voit ça on comprend ce qui se passe…. il y a d’autres facteurs …

.

23 – « Il a un site internet ? »

Je vous remercie beaucoup pour tout le travail que vous faites. Votre passion est communicative et je lis toujours avec grand plaisir vos avis. Voici mes réponses à votre questionnaire : F, J, L, Q et je rejoins l’avis de cette personne : « Elle a pour conséquence une sélection draconienne des artistes par les galeries, sélection qui opère sur des critères de loyauté autant que sur des critères esthétiques ou commerciaux. » Je suis toujours étonnée du culot ou de la naïveté du public qui, en découvrant chez moi un artiste qui l’intéresse et avant même parfois de me demander quoi que ce soit d’autre me dit « il a un site internet ? » Je prends cela comme une insulte à mon travail, cela a dû pousser plus d’un galeriste à louer ces murs tout bonnement. Je me souviens aussi de cette artiste qui très récemment voulais bien que je l’expose (pour la troisième fois sans grand résultat) et qui ne voulait pas que je montre son travail sur Internet car les ventes sur Internet, c’est elle qui les fait ! Moi je dois juste faire gratuitement la promotion en quelque sorte. Pour ma part, je n’ai pas d’autre choix que de diversifier mes activités pour trouver des sources de revenu permettant de maintenir la galerie d’art. C.C.

 

.
..
.
Visite gratuite
.
.
.
.
.
.
.
.
bd69c-bougies2bgourmandes2borange2bdessin